Au sein de l’ERU 34 (bégaiement) (axe 2), une doctorante du laboratoire GIPSA-Lab (équipe SLD) de l’Université de Grenoble a mené une étude cross-linguistique en analysant la parole de personnes bègues italianophones et francophones. Les sujets ont été enregistrés dans deux conditions perceptives : avec et sans feedback modifié.
Il s’agissait, dans ces deux conditions, d’examiner l’impact de la complexité phonologique et de la fréquence des syllabes sur le bégaiement d’enfants à partir de 6 ans, d’adolescents et d’adultes. Plus précisément, de s’intéresser à l’impact de ces deux facteurs sur les productions disfluentes mais aussi fluentes des personnes bègues. Les productions fluentes ont été étudiées à un niveau phonétique, en mesurant la coarticulation et les transitions formantiques.
La parole de sujets italiens et français a été analysée pour plusieurs raisons. La première est que trop peu d’études cross-linguistiques sont menées actuellement dans le domaine du bégaiement. Ces études sont pourtant importantes pour évaluer l’influence de facteurs formels et d’usage dans d’autres langues que l’anglais. La seconde raison porte sur le protocole. Le croisement des deux langues permet de dissocier l’influence des facteurs de complexité et de fréquence. Le protocole comprenait plusieurs tâches: un discours spontané, une lecture, une description d’image, et une tâche de répétition de syllabes de complexité et de fréquence variables. Le but de cette recherche étant d’essayer de déterminer parmi les facteurs agissant sur la fluence des bègues, quels sont ceux qui sont universels et quels sont ceux qui sont propres à la langue parlée. En condition perceptive normale, la coarticulation des bègues tend à être plus faible que celle des fluents. En condition de feedback auditif modifié, les différences entre les deux groupes disparaissent.
L’inscription de cette thèse au sein du LURCO lui a permis de bénéficier du réseau de praticiens du laboratoire et, ainsi, de constituer sa population de référence puis de la tester.
Cette thèse est poursuivie via d’autres axes d’étude :
> celui de l’évaluation du programme Lidcombe en France dont il s’agira de mesurer l’efficacité (Mémoires en cours de Sibylle Piquet Théa Chavot – Paris : Efficacité du programme Lidcombe en téléorthophonie ; étude comparative de rééducations en présentiel et à distance).
> celui de la production de phrases soigneusement contrôlées sur le plan psycholinguistique et leur compréhension.
3 masters 2 seront également encadrés. Le projet de recherche dans lequel s’inscrit le mémoire de Master de Louise Lacroix, Anais Villoing et Marie Parolini consiste en une reprise et extension de deux mémoires de Master en logopédie réalisés à l’Université de Louvain (UCL), sous la direction du professeur B. Piérart l’année académique dernière (avec la collaboration du Professeur Nespoulous de l’Université de Toulouse) et cette année académique-ci. Ces travaux avaient été approuvés par le comité d’éthique de L’UCL. Le questionnaire qui en cours d’extension, constitue précisément un des objectif du travail de mémoire des trois étudiantes, et porte sur la production de phrases soigneusement contrôlées sur le plan psycholinguistique et leur compréhension.
La littérature anglo-saxonne se penche depuis peu sur la recherche et l’analyse des troubles linguistiques fins qui accompagnent le bégaiement, dans certaines formes de bégaiement et certains niveaux de sévérité. Ces recherches sont toutes menées en anglais. Or la syntaxe du français est très différente de l’anglais, tant en ce qui concerne la structure des phrases que leur longueur. L’intérêt de telles recherches en français comporte des enjeux théoriques et des retombées cliniques pour les patients.
Enfin une thèse (Hubert Gbedahou – Montpellier) explore les disfluences bègues dans deux langues différentes parlées au Togo : le mina et le français.