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Formations complémentaires (Master, DU)

Article paru dans l’Orthophoniste N°398 Avril 2020

 

Séminaire du LURCO : Réaliser un master lorsqu’on est orthophoniste : comment et dans quels cadres ?

Par Nicolas Petit

 

Le laboratoire de recherche de l’UNADREO, le LURCO, œuvre à faire exister une véritable recherche en orthophonie. Il mène ainsi ses propres activités de recherche fondamentale et appliquée, mais a également un rôle d’expertise auprès d’instances diverses, et une mission de diffusion de l’information scientifique. Dans ce cadre, il organise régulièrement des séminaires – en général de façon biannuelle – gratuits pour les adhérents UNADREO et FNO.

 

Il n’y a pas de parcours typique pour accéder à la recherche lorsqu’on est orthophoniste. Samedi 7 mars 2020, le LURCO a donc convié pour un séminaire quatre cliniciennes-chercheuses à présenter les parcours singuliers qui les ont conduites à réaliser un master recherche. L’occasion d’évoquer les contraintes organisationnelles et financières, et les possibilités concrètes qui se présentent aux orthophonistes pour obtenir ces diplômes.

 

Lydie Batilly-Gonin

Lydie est orthophoniste depuis 2008. Dans son activité libérale, elle nourrit un intérêt tout particulier pour l’utilisation des nouvelles technologies avec ses patients. Elle lance ainsi en 2011 le blog Ortho & Co, sur lequel elle partage ses expériences avec ces outils, des conseils et des ressources. C’est aux Rencontres Internationales d’Orthophonie de 2013, sur les pratiques probantes en orthophonie, qu’elle réalise que la recherche est accessible aux orthophonistes, et que nait son désir d’explorer la thématique des nouvelles technologies en orthophonie de façon scientifique. Lydie décide de postuler au master MALTT (Master in Learning and Teaching Technology – technologies de l’apprentissage et de l’enseignement) de l’Université de Genève, pour enrichir ses compétences, et obtenir un grade lui permettant de faire de la recherche avec une idée précise de la Recherche qu’elle souhaite mener. Ce master est une formation en deux ans (M1 et M2) ; les enseignements comprennent des cours en sciences et technologies de l’information (code, programmation…), sur les jeux vidéo pédagogiques, la communication médiatisée et l’e-learning, l’ergonomie, les méthodes de la recherche dans les technologies éducatives, leurs bases psychopédagogiques… Par ailleurs, le format de cette formation lui permet de poursuivre son activité libérale en parallèle. En effet le master propose une semaine de cours en présentiel toutes les 5 semaines, avec un travail à distance avec entre chaque session. Lydie s’absente à chaque session donc de son cabinet lyonnais pour se rendre à Genève. Le reste du temps, elle réduit son activité libérale à 3 jours par semaine grâce à l’aide d’une collaboratrice, ce qui lui permet – avec les soirs, et les weekends – de réaliser le travail demandé à distance. Cette organisation et la charge de travail ne sont pas évidentes à gérer, mais Lydie valide tout de même sa première année. Par la suite, une grossesse complique encore la donne, et la conduit à réaliser son M2 sur deux ans. Elle interrompt totalement son activité libérale sur le dernier semestre afin de terminer son travail de recherche – un outil numérique de stimulation de la parole pour les jeunes enfants implantés cochléaires – pour lequel son profil d’orthophoniste avait été apprécié mais qui n’était plus le sujet qu’elle avait envisagé. En plus des contraintes organisationnelles, le coût d’une telle formation – 500 CHF par semestre pour l’inscription universitaire, les frais de déplacement et d’hébergement pour aller à Genève, plus le manque à gagner lié à la baisse de son activité professionnelle – est également une frein, que Lydie finance avec son activité de formatrice, deux jours par mois, et grâce à un prêt obtenu à un taux étudiant. À la suite de son master, les encadrantes de Lydie obtiennent un financement pour le projet sur lequel elle travaille, ce qui lui permet de démarrer un doctorat à 80%, qu’elle interrompt suite à sa seconde grossesse. Lydie évoque aujourd’hui sur cette expérience comme un parcours passionnant et enrichissant, d’un point de vue personnel mais aussi pour sa pratique clinique, qui lui a permis de réaliser différents stages, d’élargir ses pratiques et d’acquérir de nouvelles compétences.

 

Elodie Lannadère

Après des études d’histoire médiévale et l’obtention du CAPES d’histoire, Elodie débute une carrière en tant qu’enseignante, puis elle fait un passage par la télévision où elle découvre le métier d’orthophoniste. Elle décide de s’engager dans cette voie, obtient son CCO en 2008, et est ensuite engagée dans le service d’ORL de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Dix ans plus tard, elle souhaite compléter sa formation par un diplôme de recherche, afin de réactualiser ses connaissances, de développer ses compétences en méthodologie de la recherche, et de mieux accompagner les étudiants qu’elle accueille dans son service. Son choix se porte sur une formation lui permettant de conserver son poste et de préserver sa vie familiale avec 3 enfants à Paris : le Master 2 Santé de Sorbonne Université. Actuellement, cette formation est également accessible aux étudiants en orthophonie en cours de formation initiale à Paris, en double cursus et dans le cadre d’un double diplôme. N’ayant pu obtenir une prise en charge au titre de la formation continue (qui implique pour l’employeur des frais d’inscription d’environ 6000€ et un aménagement du temps de travail), Elodie s’inscrit dans le cadre de la « formation permanente », avec des frais universitaires allégés (environ 250 €), qu’elle finance personnellement, et elle organise elle-même son temps de travail. Elle utilise les congés accumulés sur son compte épargne-temps (CET) pour assister aux cours qui se déroulent sur le premier semestre, les jeudis et vendredis, ainsi que quelques autres sessions ponctuelles le samedi matin. Les enseignements portent sur la méthodologie et la règlementation de la recherche, la motricité, le handicap, la perception, la cognition, la plasticité, etc. Le semestre est validé par le biais d’examens écrits (partiels). Le second semestre est dédié au mémoire de recherche, qu’elle réalise au sein de son service sur son temps de travail, dans le domaine des paralysies faciales périphériques. Elle obtient son diplôme en juin 2019.

 

Diane Picard

Dès ses études d’orthophonie, Diane a la volonté de poursuivre ses études après le CCO pour faire de la recherche. À l’obtention de son diplôme en 2015, elle commence à travailler dans différentes structures et notamment le service d’ORL de la Pitié-Salpêtrière, et recherche une formation. Elle postule à différents Master 2, souvent dans le domaine de la psychologie. Nombre d’entre-eux refusent sa candidature et l’acceptent seulement en M1, voire L3 ou L2, mais l’Université Grenoble-Alpes l’accepte au Master 2 de Neuropsychologie et Neurosciences Clinique, co-organisé avec les université de Lyon 2 et de Toulouse 3. En effet, à la différence d’autres formations, dont le dossier de candidature comprend généralement des informations administratives et pédagogiques, un CV et une lettre de motivation, ce master demande dès l’inscription la présentation d’un projet de recherche déjà défini et d’une équipe de recherche d’accueil. Diane peut donc faire valoir son projet de recherche sur la compréhension et la production des expressions faciales chez les patients avec paralysie faciale périphérique, qu’elle a construit au sein de son service. Ce master est dispensé sous forme de semaines de cours intensives sur le premier semestre (4 à 6 semaines), auxquelles Diane se rend dans les différentes universités qui organisent le master, là encore en posant des jours de congés. Le deuxième semestre est consacré au travail de recherche, qu’elle conduit au sein de son service, sur son temps de travail. Elle finance l’inscription (environ 500 €) et les frais de déplacement et d’hébergement à l’aide d’une bourse universitaire et de ses ressources personnelles. Il s’agit donc pour elle d’une année chargée et éprouvante, mais également très enrichissante, qui lui donne envie de poursuivre dans la recherche. Elle décide donc de démarrer une thèse de doctorat, au sein de son service, avec sa directrice de mémoire puis de thèse, Peggy Gatignol. Elle construit un projet pendant un an et intègre le  laboratoire INSERM de sa directrice de thèse. Elle soumet son projet à l’école doctorale dont fait partie sa directrice de thèse, dans la continuité de ses travaux de master. Son inscription acceptée, Diane peut poursuivre ses travaux de recherche. Elle ne dispose pas de financement spécifique mais réalise son travail de recherche sur son temps plein à l’hôpital. Elle prévoit de terminer sa thèse fin 2020.

 

Agnès Weill-Chounlamountry

Agnès est également orthophoniste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le service de médecine physique et de réadaptation, depuis une trentaine d’année. Durant sa carrière, dans son service, Agnès a conduit et valorisé différents projet de recherche, dans les domaines des troubles neurovisuels, et des troubles du langage d’origine neurologique, depuis l’évaluation à la rééducation et réhabilitation. Elle a également créé et diffusé différents outils et matériels, et formé de nombreux étudiants, dans son service et à l’université. Elle désire valoriser toute cette expérience et les acquis en découlant par un diplôme de master, afin de faire reconnaître ses compétences et pouvoir continuer à enseigner et à encadrer des étudiants, en étant le plus légitime. Elle décide donc, fin 2013, de demander le Master 2 Santé de Sorbonne Université par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Commencent alors des démarches assez lourdes sur le plan administratif, auprès de sa hiérarchie à l’hôpital (chef de pôle, chef de service, encadrement…), et de l’université. Après avoir justifié la pertinence de cette démarche, l’université atteste de sa recevabilité, et propose à Agnès un accompagnement pour constituer son dossier. Un dossier de VAE est en effet un document complexe, long à réaliser, qui détaille précisément les différentes expériences professionnelles qui justifient le diplôme demandé. Il nécessite donc un travail « introspectif » important. Agnès détaille donc toutes les formations, les activités professionnelles (cliniques, scientifiques, pédagogiques, etc.) qu’elle a réalisées au cours de sa carrière, avec les projets de recherche qu’elle a conduits et les résultats qu’elle a obtenus, les articles qu’elle a publiés, etc. Un document de 80 pages synthétisera ce travail de synthèse. Par ailleurs, cette procédure est assez coûteuse : plus de 3000 €. Agnès obtient un financement partiel de l’OPCA de la fonction publique, l’ANFH, ce qui réduit à 900 € le reste à charge de cette VAE [NB : il s’agit désormais des Opco, dans le cadre du Compte Personnel de Formation]. Elle est finalement autorisée à soutenir et présente sa démarche devant un jury de 6 personnes, qui lui délivre son diplôme avec félicitations, en 2015.

 


Pour en savoir plus

 

Les pages des différents masters évoqués :

 

D’autres articles précédemment parus dans L’Orthophoniste et accessibles sur le site de l’UNADREO :